mardi 3 janvier 2017

Petit traité (théologique) de la nudité




Nus ils étaient, l’homme et la femme, nus dès le premier instant. Nus ils sont sortis des mains façonneuses du Créateur.

C’est Dieu qui a inventé la nudité, par défaut, par manque d’imagination, par épuisement de la créativité. Après avoir donné des écailles au brochet et à la truite, au lézard et à la tortue, des plumes à la mésange et à la grue cendrée, de la laine au mouton et au lama, de la fourrure à l’ours et au renard, des épines au porc-épic et à l’oursin, il était à bout d’inventivité, et c’est ainsi que pour couvrir Adam et Eve, il ne fit rien. Il les laissa nus.

L’homme et la femme, pendant l’éphémère période de leur bonheur primordial, étaient donc nus mais ne le savaient pas. Ils se regardaient et ne se voyaient pas. Adam regardait Eve et ne se rendait pas compte qu’elle était nue, qu’elle était femme.

Il fallut la sublime catastrophe de la désobéissance pour que la nudité fût et se sût.

Et tout cela est déclenché par le geste d’Eve de cueillir la pomme à l’arbre de la Connaissance.

Eve avait très tôt commencé à s’ennuyer dans ce trop parfait Jardin de la béatitude éternelle aux côtés de cet homme indolent et infiniment satisfait qui la regardait à peine.

Et lorsque le Serpent lui proposa la connaissance et la mort, elle acquiesça aussitôt et cueillit la fatale & libératrice pomme. Et y fit mordre l’homme.

Aussitôt ils se rendirent compte qu’ils étaient nus (Gen 3 :7), cela les troubla et ils se couvrirent le bas-ventre.

Et l’homme désormais aura désir de découvrir le bas-ventre de la femme. Et voir. Et toucher. Et pénétrer.


AUTRE LIASSE
Le Murmure du monde, volume VIII

inédit



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