jeudi 10 décembre 2015

indicible plénitude

peinture de Pierre Aleschinski


chapitre XLVIII

 

1.

Beaucoup d’hommes ont des difficultés avec les femmes.

 

2.

Edward Gibbon, l’auteur de « The Decline and Fall of the Roman Empire » (1776 / 1789), célibataire et heureux de l’être, écrit dans ses “Memoirs of My Life and Writings” (paru posthumément en 1815) comment, ayant considéré les probables conséquences d’une union matrimoniale, il s’est réjoui d’y avoir échappé, et il conclut : and I ejaculated a thanksgiving that I was still in possession of my natural freedom.

 

3.

Wohin mit dem Saft ?

 

4.

H.F. Amiel dans son journal mettait ‘ps’ ou ‘Pll.nct.’ pour perte séminale ou pollution nocturne; pendant plus de quarante ans, de 1841 à 1881, il comptabilise et commente ce phénomène physiologique qui le traumatise ; sous l’emprise des thèses du Dr Tissot (« L’Onanisme », 1761), il pense que la dépense de sperme va lui ôter la vue, la mémoire — et la vie ; le 12 juin 1841, à vingt ans, il note : Je me sens mourir.

 

5.

Michelet, dans son journal, quand il se le fait, appelle cela friction onctueuse.

 

6.

Thomas Bernhard déclare que s’il avait une femme, il ne pourrait plus écrire.

 

7.

Elle n’était pas ma Laure.

Elle avait dit : Jamais je ne te ferai de mal. Elle ne m’a jamais fait de mal.

 

8.

Kafka : Der Coitus als Bestrafung des Glückes des Beisammenseins [Le coït comme punition du bonheur d’être ensemble].

György Kurtag a mis cette phrase en musique dans ses „Kafka-Fragmente“ op. 24,3 pour soprano & violon (1985-86).

 

9.

Dans son livre « Le Complexe d’Amiel » (1985) Jean Vuillemeur écrit : La semence répandue correspond à l’encre consommée en pages de ‘Journal’. Celui-ci se substitue à l’œuvre comme le péché d’Onan remplace le devoir conjugal. L’écriture s’érotise, en quelque sorte, dans le temps même où se littéralise Éros.

 

10.

Plénitude indicible de votre sperme en moi, écrivait Suzanne d’Arcourt au début de sa liaison avec le marquis V. (cf « Le Fracas des nuages », p. 75)

 

 


LA LIASSE DES DIX MILLE FRAGMENTS  


  

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