samedi 12 septembre 2015

puis ça arrive

Edward Hopper, Sun in an empty room, 1963


chapitre XXII

1.
T’es un galet pourvu de quatre pattes et d’une queue. La queue au repos est navrante. La queue éveillée est dans un épisode de Gilgamesh.

2.
J’ai écrit dans le VIIIe tome du projet « Aphorismes » plus de 700 aphorismes, dont la plupart commencent par parce que. Pour fouetter la pensée.

3.
Dostoïevski écrit sa nouvelle « Douce » sous grande pression, cravaché par la sténographie. Je, Je et Je, précipitamment.

4.
Parce que l’homme seul est un pantin, un crétin à ficelles.
Parce que l’homme délaissé est une blatte shakespearienne.
Parce que l’homme et la femme, ça s’emboîte si simplement, si facilement.
Parce que la femme et l’homme, ça ne se rencontre jamais.

5.
Keiner wird mein Wegrand sein
lass deine Blüten nur verblühen
Gottfried Benn, Hier ist kein Trost

6.
Il n’a toujours écrit que sous l’injonction du Étonne-moi ça ne pouvait que foirer.

7.
Jvas mouri Jvas mouri, mais ça n’impressionne personne puis ça arrive, et ils disent Zut c’est trop con on croyait qu’il blaguait.

8.
J’ai allumé le dictaphone pour n’y mettre finalement que des crachats.

9.
A une table voisine sur la terrasse, Vladimir Vissotski, en personne, puis deux tables plus loin, Alfred Schnittke, en personne, dio mio, ça va musiquer dans la posthumité.

10.
On annonça que les anges buccinateurs viendraient réveiller les morts comme si les anges avaient du souffle, encore une de ces bourdes.


LA LIASSE DES DIX MILLE FRAGMENTS

inédit



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