lundi 14 septembre 2015

ce n'est pas moi qui le dis

PERSONNE NE ME SOUMET - d'après une photo de Capucine Henry






chapitre XXIII


1.
Cela se passe à Pontoise, au IIIe Salon musulman du Val d’Oise (12-13 septembre 2015), consacré cette année-ci à la femme. Le samedi soir, sur la scène, deux imams, Nadar Abou Anas et Mehdi Kebir, sont en train de débattre la question  comment et dans quelles circonstances le mari peut ou doit battre sa femme — quand soudain deux femmes en djellabas noires font irruption sur la scène, enlèvent leurs djellabas, les jettent à la face des deux hommes et exhibent leurs poitrines et leurs dos où est écrit en grosses lettres noires « Personne ne me soumet », « Personne ne me possède », « Je suis mon propre prophète ». Tumulte dans la salle, les deux imams se retirent dans les coulisses, tandis qu’une quinzaine d’hommes se précipitent pour attraper rudement les deux intruses et les faire descendre de la scène, l’une d’elles se retrouve par terre, piétinée. On entend des cris : « Sales putes, il faut les tuer ».

2.
La police, présente sur les lieux, prend en charge les deux jeunes femmes, autant pour les protéger que pour leur demander des comptes ; elles sont relâchées peu après, libres et indemnes.

3.
L’organisation Femen, dont les deux femmes (l’une est Tunisienne, l’autre Marocaine) font partie, avait, en amont, publié une déclaration contre ce Salon musulman : protestation notamment contre la présence de ces deux imams, Nadar Abou Anas et Mehdi Kebir, qui seraient les prédicateurs vedettes ; tous deux sont bien connus pour leurs déclarations violemment misogynes, un grand nombre de vidéos disponibles sur la Toile en témoignent : c’est l’inexorable volonté du Prophète et d’Allah que la femme, à tout point de vue, soit soumise, obéissante, dominée, assujettie, surveillée, contrôlée, punie, battue.

4.
Ces imams qu’on voit débiter leur prédication avec inébranlable fermeté, et qui parlent à la limite de la vocifération, ne sont pas malveillants ou méchants : ils ne font qu’appliquer l’enseignement du Prophète, leurs exposés sont obsessionnellement scandés par le refrain : Ce n’est pas moi qui le dis, c’est Allah !, et de citer les versets du Coran.

5.
Battre les femmes ? Il est écrit dans le « Coran », IV, 34 : Les hommes ont la charge des femmes, en vertu des avantages que Dieu a accordés aux uns par rapport aux autres, et à cause des biens qu'ils dépensent [pour elles]. Ainsi, les femmes vertueuses sont obéissantes et préservent dans le secret ce que Dieu veut préserver. Celles dont vous craignez la mauvaise conduite, admonestez-les, reléguez-les dans des couches séparées et frappez-les. Mais si elles vous obéissent, ne leur cherchez plus noise. Dieu, certes, est sublime, infiniment grand. — Parole d’Allah.

6.
Battre les femmes ? Dans les « Hadith » (‘paroles du Prophète’), il est écrit, (Al-Boukhari, Livre VII, vol. 72, Hadith 715, ici en résumé) : - Une femme vint voir Mahomet et le supplia d'ordonner à son mari d'arrêter de la battre. Sa peau était tellement meurtrie sous l'impact des coups qu'elle était décrite comme étant plus verte que le voile vert qu'elle portait. Mahomet ne réprima pas le mari, mais ordonna à la femme de retourner voir son mari et de se soumettre à ses désirs sexuels. — Parole du Prophète.

7.
Wafa Sultan dans son livre « A God who hates » établit la thèse que le problème n’est pas de distinguer un islam dit modéré d’un islam dit intégriste, que le problème n’est pas l’interprétation ou l’explication du texte — le texte parle pour lui-même, et les prédicateurs font parler le texte, ils ne prêchent que ce qui est écrit.

8.
Si l’homme, au lit, a envie, et la femme non, et qu’elle lui dise non, pas ce soir, eh bien qu’elle sache, dit le prédicateur, qu’elle sache que les anges la maudissent toute la nuit — et ce n’est pas ma parole, dit le prédicateur, mais la parole d’Allah (le prédicateur s’appelle Nader Abou Anas, invité d’honneur au Salon musulman du Val d’Oise — la vidéo citée est visible sur youtube).

[remarque : le prédicateur cite le hadith du Prophète selon le recueil « Al-Boukhari », — dans le recueil « Muslim » des hadiths, ce ne sont pas les anges qui maudissent la femme, mais Allah lui-même.]

9.
91% des étudiants d’université en Jordanie approuvent que les femmes soient battues (source : Jordanian Human Rights Center) ; 60% des femmes jordaniennes approuvent que l’épouse qui a laissé brûler le repas soit battue (source : National Family Council, Jordania).

Près de 90% des femmes en Afghanistan souffrent de maltraitance familiale (source : United Nations Development Fund for Women).

Au Pakistan, on avance le chiffre de 4000 femmes brûlées chaque année par le mari ou des membres de la famille – souvent comme punition pour des délits mineurs ou pour une dot jugée trop faible ; entre mars  1994 et mars 2007, dans la seule région de Rawalpindi-Islamabad, dans trois hôpitaux, on a recensé 8000 cas de femmes victimes de brûlures (source : Progressive Women’s Association, PWA, présidée par Shahnaz Bukhari).

10.
Le problème de l’islam est l’islam, dit Wafa Sultan, ex-musulmane. Selon elle c’est une religion à rejeter.


LA LIASSE DES DIX MILLE FRAGMENTS

inédit




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