lundi 12 janvier 2015

comme après pleurer...

manuscrit parasite



Il dit que souvent il se sent comme après pleurer, il dit ça à cause de la pesanteur du cœur, à cause de la bleuité de l’âme, il dit ça parce qu’en respirant, de temps en temps, il renifle un peu, ou soupire un peu, il écoute dans le bleu du matin la stridence des cigales dans les platanes, il est assis à l’ombre, mais la réverbération du soleil sur le blanc du mur est éblouissante, la cigale ça nous ramène à tant de millions d’années, il dit : je suis vivant, si vivant, le pistil de l’hibiscus fait une permanente  impudente érection, il dit : moi aussi j’aime beaucoup ça m’ériger, je ne sais pas si le joli crapaud a disparu dans le ventre du matou, il dit : souvent je ne parle pas pendant des heures, parfois je ne parle pas pendant des jours, il dit : de temps en temps je parle tout seul, pour moi avec moi, murmures auxquels se mêlent des bribes en anglais, such a longing, la mélancolie est facilement anglaise, des bribes licencieuses aussi, offre-moi ton con, j’aimerais t’écouter gémir pendant que je te lèche, les cigales n’ont pratiquement pas de vie sexuelle, elles passent leur sèche existence à crisser

Le murmure du monde, vol. VII 


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