mardi 14 octobre 2014

Dans la chambre andalouse

photographisme © L. Sch.



Avec un tube dans les poumons sur un lit andalou un peu déglingué, dans une clinique andalouse un peu déglinguée, verdure grisâtre dans le grand parc alentour, et plus loin la ville avec ses arcades baroques et ses façades grisâtres sous un soleil de plomb, dans la chambre le rideau tiré dispense un peu de pénombre, et respirer respirer respirer, cela fait du gargouillement dans le tube, l’oxygène est un jus épais qui peine à couler, le cinoche de la réminiscence se débobine par saccades, crache de temps en temps une image, puis cale, ne produit que du black, un filet de salive rosâtre dégouline du bord des lèvres, les yeux mi-clos ne cherchent pas à voir, le rideau faseye paresseusement, l’air andalou s’engouffre par la faille de la fenêtre entrouverte, et respirer respirer respirer, chaque respiration est un accomplissement, il n’y a que ça à accomplir pour oxygéner la cervelle où siège le cinoche, et la bobine fait ses ratés, tressaute & s’interrompt, encore quelques jours sous le ciel andalou, peu de jours, très peu de jours, respirer respirer respirer, une cigogne migrante s’installe sur le faîte du toit, sous un ciel de plomb somnole une grisâtre Andalousie.

dans "Kafka à la Fenice. Improbables péripéties"
chapitre 41
inédit

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