jeudi 21 mars 2013

pas encore...

photo: Nicole, 2008




pas encore, je n’ai pas encore
assez étudié le manège des saisons

pas encore, je n’ai pas encore
vraiment compris le vol des abeilles

pas encore, je n’ai pas encore
lu tous les livres d’Erri De Luca

pas encore, je n’ai pas encore
assez aimé celle que j’aime

mon éternité, c’est encore quelques instants



dans "Enculer la camarde"
à paraître aux éditions phi, collection 'graphiti'
en juin 2013 



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très douce...





et si elle doit me tomber dessus
la Faucheuse, sournoisement, camardement

je me dis que j’ai tout eu
tous les manques et toutes les plénitudes

des sourires, des larmes et des caresses
la pluie, l’orage, la neige et tant de soleil

deux ou trois femmes m’ont dit Je t’aime
et voici le temps des jonquilles

très douce camarde, attends encore un peu



dans "Enculer la camarde"
à paraître aux éditions phi, collection 'graphiti'
en juin 2013 




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mercredi 20 mars 2013

on ne sait jamais




On ne sait jamais au départ si on peut dire comme ça, puis on dit, et c’est dit comme ça et pas autrement, pas la peine d’y revenir, de retoucher, toutes les nuances se perdent dans la violence de l’élan déclaratif, j’ai avancé jusqu’ici pour éjecter ces syllabes, comme ça et pas autrement, une giclée, un jaillissement, kalachnikov ontologique, dérisoire mitraille propulsée dans le giron du firmament, pure perte, encore une tentative, donc, de se positionner, dans les confuses coordonnées du nulle part, du non-lieu, tous les endroits, si géographiques soient-ils, sont fraudés, pastichés, pas la peine de faire le catalogue des patelins, marcher, marcher dans des baskets effilochés, zone piétonne, passage clouté, sens unique, la voie lactée n’est qu’un autre nom pour l’impasse du cordonnier 



mardi 19 mars 2013

paperoles...





Jeu des bouteilles à la mer, par brouettées entières, slivovice whisky genièvre mirabelle tequila, du haut de la falaise où finit la terre, petites paperoles de brouillons, gémissures & sourd-muettes gesticuleries, index visant le ciel, pouce pointant le cœur, et que je te commotionne, et que je t’assombrisse & te tracasse, le clown avale son nez rouge et du coup ne chie plus que du sang, le ressac broute la falaise, le continent va s’effriter, il brouillasse à l’horizon et la perspective se bouche, les cent milliards de cellules dans la cervelle s’embrouillent, les sonnets d’antan se chaotisent à jamais, une bouteille accostera au Labrador, mon âme dissoute dans la lie



lundi 18 mars 2013

solitaire corneille

graphisme L. Sch.






solitaire corneille picore
dans la blancheur du champ d’hiver

on ne sait ce qu’elle cherche
on sait qu’elle ne trouve pas

braver la mortifère saison
vivre vivre tenir encore un peu

solitaire corneille picore
dans la neige comme nous

on ne sait quelle graine de survie

 *


dans "Enculer la camarde"
à paraître aux éditions phi, collection 'graphiti'
en juin 2013